
Sur un ton plus grave, quelques vers sur les paradis artificiels, cette plaie du monde contemporain...
Baudelaire connaissait le sujet.
Homme esclave, toujours tu chériras la dope.
La dope est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans les enivrements mystérieux de la came.
Et jamais tu ne t’es satisfait d’une clope.
Tu te plais à dealer pour ne pas être en manque;
Tu plonges dans l’héro ou le crack, et ton coeur
Addict au cannabis, aime aussi les poppers.
Tu te fous des blaireaux et de ton compte en banque.
Tu te perds dans les champs à la première rave.
Junky, tu as passé le stade des pétards.
Pour te faire une ligne, tu te mets à l’écart
Et, pour l’amour du crack, tu renies tous tes rêves.
Et pourtant, tu le sais qu’il s’agit de mirages
Qui ne t’apporteront que chagrins et remords
Et, malgré ton horreur des affres de la mort,
Tu les éprouveras au printemps de ton âge.
Pour Rappel: Baudelaire: L'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !