
Le changement d'heure! Il paraît que ce sera le dernier. Espérons que mon poème "barré" y est pour quelque chose. Sans oublier Lamartine et son Lac qui l'ont inspiré!
Comme d'hab, voici d'abord l'original, suivi de son pastiche:
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !..."
...
Changement d’heure
Ainsi, toujours poussés par le changement d’heure,
Dans les pays du sud comme dans ceux du nord,
Ne pourrons-nous jamais exactement sur l’heure
Nous mettre enfin d’accord ?
Hélas ! l'été à peine a fini sa carrière,
Et déjà je me bats avec mon remontoir
Chaque fois maîtrisant tout juste ma colère
Pour avancer le soir !
Nous râlions le matin en cherchant la lumière
Et nous avons la nuit une heure de retard.
On a juste le temps de s’envoyer en l’air
Dans un coin du plumard.
Oui, nous avons atteint le bout de la patience,
Et ce balancement me sort par tous les yeux
Je voudrais retrouver notre ancienne cadence
Et nos jours harmonieux.
M’inspirant de l’ardeur des révolutionnaires,
Ce sera donc ici mon ultime prière :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Y en a marr’ de céder toujours à des caprices
De technocrates sourds ..."
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