
Le Black Friday me donne l'occasion jouissive de décrire la folie des soldes. En cette circonstance, j'ai choisi une forme poétique particulière, le pantoum.
Forme tellement difficile que j'ai pris quelques libertés... Je n'ai répété qu'un vers au lieu de deux.
Cela dit, je me suis inspiré cette fois-ci d'Harmonie du soir de Baudelaire, que je rappelle ci-dessous:
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur vibrant qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Version revisitée:
Crazy friday
Voici venir le temps où vibrant d’impatience,
L'on frémit comme l’eau au fond de sa bouilloire.
Car il règne dans l’air de tout le territoire
Un parfum de folie et d’insignifiance.
L'on frémit comme l’eau au fond de sa bouilloire.
Le ciel paraît plus bleu et l’esprit s’éparpille
Dans des rêves grisants de magasins qu’on pille
Aussi gaiement qu’enfant poussant sa balançoire.
Le ciel paraît plus bleu et l’esprit s’éparpille!
Tout est à si bas prix qu'on n’ose pas y croire.
On va pouvoir vider et remplir son armoire.
Et les yeux enivrés dilatent leur pupille.
Tout est à si bas prix qu'on n’ose pas y croire.
Il faut absolument profiter de l’aubaine,
Quitte à tout bazarder, presto, l’année prochaine!
C'est si bon de céder parfois à l’illusoire...