
Boileau écrivait déjà dans Les embarras de Paris :
"En quelque endroit que j’aille, il faut fendre la presse
D’un peuple d’importuns qui fourmillent sans cesse.
L’un me heurte d’un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d’un autre coup mon chapeau renversé.
Là, d’un enterrement la funèbre ordonnance
D’un pas lugubre et lent vers l’église s’avance ;
Et plus loin des laquais l’un l’autre s’agaçants,
Font aboyer les chiens et jurer les passants.
Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage ;
Là, je trouve une croix de funeste présage,
Et des couvreurs grimpés au toit d’une maison
En font pleuvoir l’ardoise et la tuile à foison.
Là, sur une charrette une poutre branlante
Vient menaçant de loin la foule qu’elle augmente "...
Hélas, rien de nouveau sous le soleil!
À mon tour...

Les embarras de la rue
Qui vient de me heurter d’un coup de trottinette
Sans même prendre soin d’agiter sa sonnette?
Est-ce donc pour blesser qu’on se déplace en ville?
Mon plus grand ennemi n’est plus l’automobile !
Je ne peux plus marcher qu’armé d’un bon bâton.
Car quel fâcheux démon, ennemi du piéton,
Jette sur les trottoirs des pilotes furieux ?
J’ai beau me protéger, porter partout mes yeux,
Je joue à chaque pas ma vie à la roulette.
L’un me fonce dessus avec sa bicyclette
L’autre se prend pour dieu, droit sur son hoverboard,
Dois-je me diriger à bâbord, à tribord ?
Ne serai-je jamais à l’abri du danger ?
Et lorsqu’ enfin je crois mon chemin protégé,
Abasourdi, j’entends une voix s’écrier :
« Tu peux pas regarder, mec, où tu mets les pieds ! »
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