
Comme promis... Sans parler du divin marquis, ils sont nombreux à avoir cédé aux sirènes de l'érotisme, voire à des sirènes plus lestes encore: Diderot, Apollinaire, Aragon (et j'en passe...) n'ont guère démérité dans ce domaine. Poussons le jeu plus loin avec un poème très innocent de Mallarmé qui voudra bien me pardonner, j'espère, mon audace. De même que toi, lecteur, "hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère" (dixit Baudelaire!).
Pour rappel, le texte initial:
Brise marine
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !
Et une version, disons plus leste:
XXX

La chair est triste hélas ! J’ai vu tant de films x
Qu’ils me font moins d’effet qu’un dessin d’Astérix.
Ni les vibromasseurs, ni les revues porno
Ne peuvent réveiller ce corps sans libido.
Ô nuits, ni stimulant, ni poupée, ni popper
Ne sauraient le sortir de sa morne torpeur !
Partir, partir pour un érotique voyage !
Je voudrais retrouver goût au dévergondage
Un Ennui, désolé par tant de nonchalance,
Prêt à jouer pour moi les sœurs de bienfaisance,
Me vante les vertus des pratiques SM.
Usant, pour m’exciter, de savants stratagèmes,
Il entasse à mes pieds mille objets exotiques.
Masques, bâillons, fouets, enfin toute la clique
Défilent sous mes yeux pour booster mon ardeur.
Et peut-être qu’enfin, à force d’impudeur,
Remettrai-je presto ma libido à flot ?
Ou peut-être qu’un dieu, peu accro au bondage,
Saura me conseiller des pratiques plus sages
Qui n’ébranleront pas mon pauvre ciboulot,
Car, pour mon corps blasé, c’est bien trop de boulot !
Mais, ô mon cœur, dis-moi : à quoi sert un stylo ?
(Retrouvez les autres poèmes revus et corrigés dans la page "Repentirs")