
L'actualité me souffle malheureusement des poèmes d'une inspiration plus sombre à laquelle je ne me déroberai pas. En cette période de fête, ayons une pensée pour eux, même si ça doit plomber un peu l'ambiance.
Jacques Brel me servira de mentor pour l'occasion et vous reconnaîtrez sans doute quelques échos d' "Amsterdam" dans mes vers. J'assume pleinement cette filiation.
Voici donc un premier texte sur le thème des migrants:
Un bateau dans la nuit
Dans le bateau maudit
Y a des enfants qui pleurent
Et qui tremblent de peur
Au fond des cales sombres
Serrés dans la pénombre.
Dans le bateau maudit
Y a des mères qui prient
Et qui ferment leurs yeux
En suppliant un dieu
Aveugle à leur douleur.
Dans le bateau maudit
Jetés pas-dessus bord,
Y a des hommes qui meurent
En ignorant pourquoi
Ils sont venus au monde.
Dans le bateau maudit
Sans aucune espérance,
Y a des enfants qui naissent
Pour connaître l’exil
La mort et la souffrance.
Pour ce bateau maudit,
Banni de tout rivage,
Les étoiles sont mortes.
Sous le ciel de sa nuit
La mer n’est qu’une tombe.
Poème sélectionné par les éditions Flammes vives et qui figure désormais dans le recueil Variations sur la sauvegarde de la vie.