Ces jours-ci, nous vivions heureux.
Dans notre petit nid douillet,
Nous n’avions rien à redouter !
Que peut-on espérer de mieux ?
On n’avait pas à s’habiller
Et plus personne à embrasser !
C’était autant de temps gagné !
Nul besoin de se dépêcher
Pour attraper un bus bondé !
Il suffisait de se lever
Et bouffer devant la télé
Ou téléphoner aux poteaux
En s’enfilant un apéro.
Maintenant qu’on est libéré,
Plus rien n’est autorisé !
C’en est donc fini des vacances :
Il faut se tenir à distance
Sous peine d’être foudroyé
Par un regard scandalisé.
Nous vivrons dans la suspicion
Entourés de mille matons !
On sera armés de mouchoirs
Qu’il ne faudra pas laisser choir
Et on passera nos journées
(Tels des robots bien entraînés)
A essuyer tout ce qu’on touche
Comme de vraies saintes-nitouches !
On ignorera nos voisins
Ou on les saluera de loin.
Sans parler des gestes barrières
Censés protéger nos arrières.
Nous marcherons à la baguette !
On fera les courses en cachette
Et je ne parle pas du stress
Au moment du passage en caisse...
Et puis, franchement, le turbin,
Sans lui, on se portait très bien.
Et s’il doit reprendre aussitôt,
J’imagine bien le tableau.
Car le plus clair de nos journées
Se passera à nous masquer
Ou à projeter des produits
Censés nous garder à l’abri
D’une funeste maladie.
Et sans vouloir vous affoler,
C’est la dépression assurée !
Alors que nous étions heureux,
Hors de question de nous plonger
Dans un monde de fous furieux !
Ainsi, je vous dis sans regret :
Plutôt que de mourir de peur,
Je préfère vivre en campeur !
PS/
Et si je prends quelques kilos,
C’est que mes muscles pèsent trop.