"Femme qui pète n'est pas morte". J.J. Rousseau, Les Confessions, Livre II.
Il vous est sans doute arrivé
De lâcher, par mégarde, un pet.
Ne prenez pas l’air consterné.
Pourquoi en seriez-vous gêné ?
Car nous sommes tous programmés
Pour être souvent ballonnés.
La loufe se fera sans bruit
Et la plupart du temps la nuit.
La vesse est plus nauséabonde
Et empoisonne tout le monde,
Mais après tout ce n’est qu’un gaz
Qui ne fait pas de vous un nase.
Quant au pet qui s'échappe en douce,
C'est un frisson sur de la mousse.
(Mais évitons les pets foireux:
Notre slip se lavera mieux.)
Et je ne parle pas des prouts
Qui rythment les parties de foot.
Ce ne sont que des flatulences
Qui manquent certes d’élégance,
Mais, si vos voisins sont gênés,
Ils n’ont qu’à se boucher le nez.
C’est notre humaine condition
Qui nous a tous dotés d’un fion.
Et pourquoi être embarrassé
De ce que Dieu nous a donné ?
S'il vous vient l’envie de prier,
Lâchez-en donc un chapelet
Car chacun sait qu'un pet de nonne
N'a jamais fait mal à personne...
On pète toute notre vie,
C’est une question de survie (1).
Et c’est en pétant à tous vents
Qu’on s’assure qu’on est vivants.
(1) Être esclave du préjugé peut coûter cher. Ainsi, une femme qui, par coquetterie, n'avait plus pété depuis douze ans, est morte de s'être trop retenue... Cette anecdote, parmi bien d'autres, est rapportée par un érudit du XVIIIe siècle, Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, pour qui péter était un art et le pet, bien lancé, une arme sociale.