Jaô-Paô, comme on l’appelle en pays catalan, est le fruit des amours tout à fait probables d’un ancien chasseur alpin et d’une dactylo. Dans des circonstances obscures (de nature diplomatique), il naît, le 7 septembre 1947, au pied du Lycabete, à Athènes, où il est élevé, au milieu de l’affection parentale, dans la proximité de la secrétaire de la Reine de Grèce, Mademoiselle Zay, et d’une religieuse évanescente, Sœur Blandine.
Mais ce qu’il aime par-dessus tout, c’est écouter les histoires que lui raconte Yaya, la mère du chauffeur de l’ambassadeur de France. Il est impressionné par le strabisme de la belle-fille de Yaya, qui s’entête dans des travaux de couture au fond de la maison.
C’est sans doute là qu’il faut chercher l’origine de son goût pour la maniement des aiguilles dont il se plaît à truffer les fesses des bonnes, au grand dam de son père qui n’a de cesse de soulager les victimes éplorées.
C’est dans la Pension Suisse, où habite Mademoiselle Zay quand elle ne réside pas au palais royal, qu’il fera ses premières expériences sexuelles, accompagnées de lectures à haute voix dont le seul but est de tromper la vigilance d’oreilles suspicieuses.
Après un bref séjour en France, et plus exactement dans le Volvestre, ses parents l’entraînent dans la prestigieuse ville d’eaux allemande, Baden-Baden. Il a alors l’âge d’entrer en 6ème. Pour exorciser le malaise où le plonge l’austérité des cités militaires où il est cantonné, il passe son temps à écrire sur des bouts de papier les aventures d’une héroïne exotique de son invention. Il fait circuler ces textes en classe pour l’amusement de ses petits camarades. Il est un des rares élèves à échouer au Brevet. Les commentaires de ses professeurs sont sans appel : « Ne sait pas compter », « N’a aucune imagination ».
Entre-temps, il est pourtant tombé amoureux de La Princesse de Clèves et du Père Goriot, sans oublier les Trois Mousquetaires. C’est ce qui lui vaut sans doute, après un redoublement bien senti, d’intégrer brillamment l’école d’enfants de troupe d’Autun.
Malgré les assiduités amoureuses dont il est l'objet (dans cette structure éducative masculine), il obtient un bac scientifique dont il se prévaut pour s’inscrire en prépa lettres.
C’est à ce moment-là qu’il rencontre la femme de sa vie. Et c’est avec son inaltérable soutien qu’il décrochera une improbable Agrégation grâce à sa connaissance des Liaisons Dangereuses.
Arrivé au stade de la retraite, il retombe dans le vice de son adolescence (l’écriture!!!).
Reconnus à leur juste valeur par une maison d’édition avisée, ses premiers manuscrits sont immédiatement publiés avec le succès qu’on sait.
Depuis lors, il a entamé une nouvelle vie, d’ascèse et de renoncement.
Résumé (autorisé)
Né à Athènes, Jean-Paul Rigaud, après une agrégation de lettres, a longtemps enseigné en classe préparatoire scientifique. Il est, à ce jour, l'auteur de huit romans et d'un recueil de nouvelles. Il a reçu le prix Printemps des lecteurs pour Sans oublier la nuit ainsi que la mention création littéraire du Prix des Mouettes pour La Caresse du temps. Il vit désormais dans la proche banlieue de La Rochelle.