On me demande parfois quelle est la place de la musique dans mes romans. Je voudrais répondre le plus clairement possible à cette question complexe.
Certes la musique en constitue un des thèmes majeurs (opéras russes, concertos italiens, tango etc... en fonction des romans). Mais l'essentiel n'est pas là.
Conditionné par la lecture de Racine et de Verlaine (entre autres), j'aime la fluidité de la langue française et je cherche à "mettre en scène" une certaine musicalité par les sons et les rythmes dans chacune de mes lignes, voire dans l'architecture de l'ensemble.
En cela, un roman est pour moi (en tant qu'auteur comme en tant que lecteur) une oeuvre lyrique. C'est à dire aussi une oeuvre où s'exprime une personnalité, une âme. J'apprécie très moyennement (sauf pour le pur divertissement) les auteurs qui se contentent de raconter simplement des histoires. Il faut aussi qu'ils s'y donnent à voir et à entendre. C'est pourquoi je ne me lasse jamais de Proust (même si je ne le lis jamais entièrement de suite), Virginia Woolf , Marguerite Duras ou Carson Mc Cullers. En les lisant, j'entends leur voix à nulle autre pareille. Parfois, comme à l'opéra, je ne comprends pas tout ce qu'ils racontent mais j'aime qu'ils me parlent.
Mon prochain roman s'intitulera Le roman qui nous racontait des histoires. Ce n'est sans doute pas par hasard.