La scatologie dans Le roman qui nous racontait des histoires.
La plupart des lecteurs s'amusent du côté « un peu scato » du livre (pour reprendre l'expression d'une lectrice). Certains, plus rares cependant, y voient de la vulgarité.
D'abord, ne confondons pas tout.
Distinguons bien d’abord grossièreté et vulgarité. Un mot ne saurait être vulgaire. Grossier, oui. Seule la pensée peut être vulgaire : ostentation, démagogie, prétention, affectation...
Alors oui, j’assume entièrement la grossièreté de certains (bien rares) passages du livre qu’on peut qualifier de scatologiques, au sens propre du mot, si j’ose dire. Il y est en effet question d’un ou deux pets, de faire caca et d’un passage odorant dans les toilettes.
Puis-je rappeler cependant deux choses ?
La scatologie fait partie, comme chacun sait, d’une longue tradition littéraire que je reprends bien modestement, et qui va de Rabelais à Céline (que je cite d’ailleurs). Elle est tout au plus amusante. Je ne vois pas en quoi elle serait choquante sauf au nom d'une préciosité déplacée et... ridicule.
Ensuite, mon narrateur est un livre et un livre papier. Mon objectif n’était pas de respecter la moindre bienséance, mais bien de lui faire vivre une vie réelle et non fictive. De lui donner non seulement une pensée et des sentiments mais aussi un corps. D’ailleurs, y aurait-il une pensée et des sentiments sans un corps ? Il vit donc ce que chacun de nous vit. Et comme nous avons tous notre lot de caca...
Pour mémoire, dois-je rappeler que nous tenons tous, chaque jour que Dieu fait, des propos scatologiques à tout va et à tout vent ? Que faisons-nous d’autre quand nous nous demandons les uns aux autres : « Comment ça va ? »
Eh bien, je n’ai plus qu’à espérer que tout le monde y est bien allé aujourd’hui.
Jaô-Paô
En illustration, un caganer (santon chieur catalan):
Les santons chieurs sont une façon de montrer que nous sommes tous égaux, quel que soit notre statut ou notre condition sociale ...