La bise, vous connaissez ? Je parle du bisou, pas du vent du nord glacial et sec.
Étrange d’ailleurs que la bise qui se prétend marque d’affection soit aussi le nom d’un vent froid !
En tout cas, vous en avez tous fait l’expérience navrante : la bise (froide ou chaude) court désormais les rues...
La bise qu’on doit se taper à tout bout de champ. Et pas seulement pour le Nouvel An !
Celle du voisin, celle de la copine, celle du collègue, celle de la boulangère. Enfin, celle de tout le monde et du premier venu.
Il y a la bise vite faite, la bise distraite mais inévitable. Autrement dit, la bise je m’en foutiste, celle qu’on fait en regardant ailleurs. Autant s’envoyer balader !
Il y a bien la bise gentille, presque affectueuse, un peu contrainte, comme celle des enfants.
Mais il y a aussi la bise mouillée, qui exige le port d’un mouchoir, vous savez la bise baveuse qui ne se laisse pas oublier, qui traîne sur la joue qu’on doit frotter en faisant la grimace dès que l’autre a le dos tourné.
Bref, aujourd’hui, vous l’aurez remarqué à votre corps défendant, on se bise à bouche que veux-tu, du matin jusqu’au soir.
Une? deux? trois? quatre? Combien vous en faut-il?... C'est bon? Je peux y aller?
Vous en avez ras la casquette ? Les bisounours vous épuisent ?
En tout cas, moi, la bise, ça me les brise !
Mais comment refuser poliment de biser ?
Les bisounours sont susceptibles !
Pourtant, la main, c’est bien suffisant. Je veux dire la poignée de main. Et encore… à condition de garder ses gants. A cause des microbes. Et je ne parle pas de la gastro! (C’est sans doute pour ça que le Pape refuse qu’on le baise.)
Il paraît, selon les sociologues, que la façon de se saluer évolue dans le sens de plus d’égalité et de fraternité...
A la vitesse où vont les bises, je n’ose imaginer à quels excès nous mènera une plus étroite familiarité. Peut-être, comme d'autres, à se frotter le bout du nez ou Dieu sait quoi encore ?
Alors, non !
Osons dire non à la dictature des bisous et à celle des bisounours !
Au fait, pensez à vous laver les mains!
C’est aussi ça, la démocratie (1) !
1- Toute interprétation métaphorique de ce texte serait hasardeuse, voire infondée !!!