(Ne me demandez pas s'il s'appelle Maurice!)
Dans un quartier résidentiel,
Depuis le matin jusqu’au soir,
Un coq chantait sa ritournelle !
Pour les voisins, c’était rasoir :
« On en a marr’ de cette bête
Qui se fiche de notre tête !
Faudra-t-il supporter longtemps
Ce chant criard et dissonant ? ».
Mais on eut beau leur rappeler
Que les tondeuses et les scies
Faisaient un bruit à tout casser,
Que les chiens aboyaient aussi,
Ils ne voulurent rien entendre.
Il n’y avait rien à comprendre.
Ils souhaitaient que le volatile
Soit chassé de son domicile
Ou bien finisse sur le gril
S’il se refusait à l’exil.
Le maire donc fut invité
A bien vouloir se prononcer
Sur le sort du gallinacé.
Pour trancher, il fallait savoir
Où se trouvait le poulailler.
« Qu’ils aillent tous se faire voir !
Suis-je en ville ou à la campagne ? ,
Songeait l’édile embarrassé,
Au moment d’entrer en campagne.
C’est vraiment une triste époque
S’il me faut zigouiller un coq
Pour récolter la voix des cons
Et remporter cette élection ! »
Le coq meurt sur ces entrefaites
Et sa propriétaire en pleurs
N’ayant pas le cœur à le fête,
Se lamente sur son malheur.
« Faut-il le couper en morceaux
Ou bien le jeter aux pourceaux ? »
Se demande la pauvre femme,
Au milieu de ses poules en larmes.
Sans attendre le lendemain,
Elle consulte ses voisins
Et leur demande leur avis.
Pour une fois, ils sont d’accord.
Autour du volatile mort,
Masquant mal leur hypocrisie,
Ils affichent un air contrit.
Le soir, ils se réuniront
Dans un coin peinard d'Oléron.
Tout en levant bien haut leur verre
Au succès de leur futur maire,
Ils mangeront le coq au vin ...
Tant qu'il y en aura en stock,
Ils pourront soutenir le choc.
C'est un mets de prédilection!
Et vivement les élections!