Je l'avais relégué dans un recoin de bibliothèque, et oublié, coincé entre deux romans, tellement il s'était fait discret. Cadastres des misères (tel est son nom de scène) m'attendait certainement jusqu'à avant-hier et je l'ai recueilli et couché avec moi sur mon canapé.
Et là, stupéfaction! Comment avais-je pu passer si souvent près de lui sans le voir?
"Cadastre des misères", c'est tout un paysage (presque un univers) organisé autour des allées d'un cimetière. Pas triste le moins du monde, mais bouleversant. Un électrochoc qui réveille, à travers des sortes d'épigraphes (ou d'épitaphes, si l'on veut) de quelques lignes, en forme de biographies, des passants de la vie, quelques fantômes que nous avons vaguement connus ou simplement frôlés.
Pas triste parce que les héros de ces minuscules épopées, ce sont les mots. Des mots choisis avec une folle insolence, organisés avec subtilité, qui disent tout et son contraire, qui vous forcent à les regarder, les tâter, les goûter et à revoir notre conception du monde.
Un petit livre qui réveille le goût de la vie... et de la lecture.
Cadastre des misères, Vincent Dutois. éditions La Mèche Lente.